Pourquoi pas la psychanalyse

Voici une brève réflexion sur la traversée de l'adolescence.         

L'adolescence : est un passage,

                           une traversée,

                           un processus de transformation.

Un passage obligé, de l'enfance à l'âge adulte, et comme chaque transformation c'est laborieux et parfois douloureux.

Le sujet, doit faire face à des perturbations corporelles, des évolutions à l'intérieur et l'extérieur. L'apparence physique et le corps changent, les hormones se modifient, et des divers remaniements psychiques les accompagnent.

Ce qui est étonnant c'est que parfois, malgré l'évolution du corps qui grandit et qui évolue, la vie psychique régresse dans des états infantiles, pour prolonger dans le temps l'insouciance de l'enfance. Ce serait une sorte de détournement pour ne pas faire le deuil du passé et de son statut dans la famille.

Parfois, cette période des changements se passe très vite, et l'enfant qui se transforme n'a pas le temps nécessaire pour s'en rendre compte, et pouvoir les assumer. Le regard envers soi même change, le regard des autres envers le sujet change aussi, et le regard que le sujet porte vers les autres également. L'émergence de la sexualité génitale le secoue profondément, et installe une nouvelle dimension de la réalité.

La voix, la parole, les intérêts, la relation avec le sexe opposé se transforment, et les relations avec les figures parentales évoluent.

Le complexe d'Œdipe, selon Freud, vécu dans la petite enfance, est remanié, revu et retraversé. Parfois des périodes de crise peuvent émerger entre le sujet et ses parents, dans la démarche de redéfinir sa place, et sa position dans la famille. Parfois ce sont les parents qui ont de la difficulté à faire face à la période que leur enfant traverse, et ses sauts d'humeurs. La stabilité de l'environnement familial, et proche facilite beaucoup la traversée du sujet, puisque chez lui tout est en train de bouger.

La situation idéale n'est pas toujours conforme à la réalité. Souvent différents événements traumatiques sont en train de se produire, comme la séparation des parents, ou une perte à cause d'un décès, malheureusement. Des déceptions amoureuses peuvent arriver également, des ruptures amicales, un déménagement, un manque, des séparations, et d'autres ...

Il s'agit de moments délicats, des traversées sensibles pendant lesquels le sujet aurait besoin d'être accompagné, d'être pris en charge. Le fonctionnement inconscient, possède l'art de cacher très bien les événements traumatiques et les camoufler pour éviter l'effondrement.

C'est le moment où les passages à l'acte violents, peuvent venir résoudre une charge pulsionnelle très intense, insupportable pour le sujet.

Selon Freud, les mots ont la capacité de guérir l'âme. Comment cela est-il possible, comment ça marche ? C'est l'essence même de ce que nous appelons la technique psychanalytique. L'invention de Freud.

Chez l'adolescent, il y a une particularité. Le monde psychique est en évolution, et en plein processus de transformation, comme nous l'avons cité plus haut. La personne qui écoute le sujet qui parle, peut rattraper un fil, le réparer, au lieu que cela se coupe tout seul, et que ça entrave la pensée et l'humeur de l'autre. Ainsi il ne reste pas accroché à la pointe de la douleur, de quelque chose qui crée des plaies à l'intérieur. Sortir du silence un affect, issu d'un traumatisme, fait taire la douleur et la souffrance. Le traumatise refoulé et enfoui - enterré - crée des symptômes pour apaiser quelques zones sensibles du psychisme. En même temps la vie psychique souffre autrement. À travers la verbalisation, et le transfert nous devons créer un mouvement chez le sujet et l'aider à parler de ce qui n'est pas facile à exprimer. L'Autre est nécessaire pour apaiser également le sentiment de solitude et de l'isolement.

L'adolescence, provoque souvent chez la jeune personne une impression qu'elle est seule au monde. Pendant les périodes de fragilité interne, quand l'environnement commence à s'effondrer également, le sujet se trouve en double difficulté. C'est comme une impasse. Une période où tout bouge, comme marcher sur un fil, où l'on doit chercher l'équilibre constamment. Les illusions de l'enfance tombent, s'évanouissent. L'univers des jouets n'est plus le centre d'intérêt, et à la place c'est l'émergence de la sexualité qui joue le rôle primordial. La question qui se pose, est comment se réconcilier avec la nouvelle réalité, et savoir faire avec. Un chemin à parcourir est nécessaire, et parfois le sujet n'arrive pas à le faire seul. Surtout dans des moments où l'environnement n'est pas stable, comme cité plus haut.

Dans l'espace d'une consultation régis par le secret professionnel, le sujet peut trouver ce lieu où plusieurs possibilités s'offrent à lui. Ce sont les voies inouïes qui s'ouvrent par la parole, et la puissance des mots.

Deux notions sont primordiales, encore plus pendant l'adolescence : l'inconscient et la castration. Nous allons utiliser les propos de Moustafa Safouan dans Le structularisme en psychanalyse - Éditions Payot, selon qui s'expliquer sur la psychanalyse, c'est de s'expliquer sur ces deux concepts. Juste avant il écrit que la psychanalyse est la découverte d'un lieu, celui de l'inconscient.

« La psychanalyse est la découverte d'un lieu, celui de l'inconscient, et d'une dynamique qui se déroule dans ce lieu et qui se noue tout entière autour du complexe d' Œdipe et plus spécialement de son moment essentiel, la castration. S'expliquer sur la psychanalyse, c'est donc expliquer sur ces deux concepts : l'inconscient et la castration. Notre but est de montrer que l'Œdipe est une structure selon laquelle s'ordonne le désir dans la mesure où il constitue un effet du rapport de l'être humain non pas au social mais au langage. »

Dans la société actuelle, le désir est central, très souvent mis en avant, moteur d'une autre dynamique, celle de la possession, de la consommation. Le point de vue psychanalytique, est assez particulier et singulier. Il s'agit d'un point de vue étonnant concernant l'articulation des notions si centrales : le désir et le langage qui dépendent au fond de ce lieu caché, l'inconscient. Et ensuite, dans chaque être, il s'agit du rapport singulier que chacun a avec le langage.

Lacan écrit que l'inconscient est structuré comme un langage. Dans le sens inverse, c'est l'inconscient qui constitue dans sa dynamique le complexe d'oedipe et la castration. À tour de rôle, l'Œdipe, ordonne le désir dans la mesure où il constitue le rapport de l'être humain le plus essentiel, celui au langage.

Le langage et les mots, sont pour Freud l'outil essentiel du traitement psychique, avons nous lu dans le texte de 1890, intitulé Traitement psychique (traitement d'âme). Ces sont des moyens qui agissent d'abord et immédiatement sur l'âme de l'homme.

La question qui se pose sous le regard de Patrick Guyomard dans L'intraitable, serait :

« Traitement ou pas traitement ? ». Et oui, souvent dans la cure surgit « l'intraitable et l'inanalysable » dont certaines différences sont claires. P. Guyomard continue - idée que nous retenons - « l'inconscient insiste plus qu'il ne résiste. » Comment serait-il alors possible de traiter une situation de l'ordre de l' « intraitable ». Et comment peut-on le savoir d'avance ? Impossible à dire.

« L'inconscient attend plus d'être reconnu, entendu, pris dans un effet de vérité, que traité. Il se satisfait d'être entendu, un traitement le maltraite. » (page 97, L'intraitable aux PUF)

Ainsi la psychanalyse ne guérira pas le sujet de son inconscient ; ni va-t-elle assumer le traitement de l'inconscient. Ce dernier n'est pas une maladie. En revanche, écouter le traumatisme refoulé, entendre, et accueillir les symptômes qui s'y attachent, est une partie du travail psychanalytique. En suite, il serait impossible d'énumérer les autres parties, et facettes du travail en question. Comme chaque cas est unique, les étiquettes mises, ne servent à rien. Ainsi que les propos de l'ordre d'une adjonction adressée à la masse :

« si vous faites cela, faites cela et tout ira bien ... ».

La dé-marche analytique est singulière à l'image du sujet qui se présente au lieu du transfert. La technique, la pensée, et réflexion en est la base et le fondement. Freud nous l'a livré au début du 20ème siècle, et pourtant quelques sujets restent toujours mystérieux à résoudre. L'inanalysable, l'intraitable ... quelques éléments qui entravent le chemin. Cela concerne l'analyste, puisque le sujet ne veut rien entendre. C'est l'inconscient qui dérange. !

Le travail intérieur de l'analyste c'est justement de se soustraire de la méthode et de la théorie pour laisser émerger chez l'autre, une parole de son inconscient. Face au sujet qui parle, toute la connaissance et la technique s'effacent, pour laisser émerger ce que le sujet est venu dire, et surtout, à ne pas dire. Il s'agit du contenu que les mécanismes de défenses inconscientes ont très bien caché, pour éviter l'effondrement réel du sujet. Dans ce cas, c'est un acte de survie. Une protection. C'est pour cela qu'il ne s'agit pas de traiter l'inconscient mais de l'entendre et lui laisser de la place.

_________________________________________________Écrit par Myrto Hadjigeorgiou.


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